FÉVRIER 2017

C’était il y a un siècle… Février 1917

par François MAURICE


Le 1er février, nos soldats des tranchées supportent des épreuves terribles car, en ce 912ème jour de guerre, le froid (15° au-dessous de 0 à Paris) n'est pas moins mortel que l'obus. Malgré la rigueur de la température, ils sont néanmoins fermes et inébranlables dans leurs postes de garde. Mais peu d'opérations, et pour cause. Seules les actions d’artillerie demeurent violentes sur divers points du front, notamment dans le secteur à l’est de Reims et sur la rive droite de la Meuse.


Du mercredi 1er février au dimanche 4 février  1917

Sur les fronts belge et français


De petites opérations et sondages ont été exécutés en Lorraine et dans la Woëvre. L'artillerie tonne toujours violemment sur le versant alsacien des Vosges et sur les rives de la Meuse, au nord de Verdun.

Le temps sec et clair, bien que très froid, a permis de ce côté une grande activité de nos aviateurs. Ainsi l’aviation française bombarde des bivouacs aux environs d'Etain, les usines militaires de Ham, les gares et les usines de Folembray, les gares d'Athies, d'Hombleux et de Curcheux.

Butte de Warlencourt, février 1917

Le 2 février, lutte d'artillerie assez active à l'Hartmannswillerkopf et à l'est de Metzeral. Le lendemain, dans la région de Saint-Mihiel, l’artillerie française execute un tir de destruction sur les organisations allemandes de la forêt d'Apremont.

Le 4 février, deux avions ont été abattus dans les lignes françaises: l'un à 0ulches (Aisne), l'autre près de Bloue-Sablons (région de Beaurieux).

Sur le front belge, à l'est de Pervyse, des partis allemands ont vainement tenté, après un violent bombardement, d'approcher des postes avancés belges. Les feux de l'artillerie, de l'infanterie et des mitrailleuses belges ont rejeté l'ennemi. Mais l’artillerie allemande a également été très active dans la région de Hetsas et vers Dixmude.

Du côté des troupes britanniques, elles ont effectué plusieurs coups de main en Picardie, surtout dans la région au nord de la Somme, occasionnant des pertes à l'ennemi et bouleversant ses défenses.


Sur le front russe

Le 1er février se déroule un violent combat sur le front russe dans la région de l'Aa. Les Allemands, sur le front russe, ont pris l'offensive sur la rive gauche de l'Aa. I1s ont attaqué les Russes en grandes forces et ont gagné un kilomètre vers le nord. Après quoi, toutes leurs tentatives ont été brisées. Nos alliés ont capturé des hommes et des mitrailleuses. Au nord-ouest de Keselmo, les Allemands ont subi deux échecs.

Sur le front russe, à l'ouest de Srowentich (au sud-ouest de Brzezany), un détachement d'Allemands, vêtus de pardessus blancs, a pénétré dans les tranchées de première ligne de nos alliés, après un violent bombardement. Une contre-attaque russe, appuyée par l'artillerie, a rejeté 1'ennemi dans ses positions de départ.

Nouveaux succès des troupes russes près de Kimpolung.

Trois attaques allemandes déclenchées à l'est de la chaussée de Kolncen à Chock, en Courlande, ont été brisées tant par les rafales des compagnies adverses disséminées dans des tranchées, que par le feu des cuirassés russes de la division de Riga : l'assaillant a subi de fortes pertes sans gagner un seul pouce de terrain. Le 4 février, dans la région de Kemmern (ouest de Riga), un avion allemand a jeté une bombe qui a blessé 10 soldats. A l'est de la chaussée de Kolncem (ouest de Riga), les Allemands ont attaqué les troupes russes après un feu violent, mais leurs vagues ont été brisées. Les Allemands renouvelèrent encore leur attaque, mais sans aucun résultat. Les autos cuirassées ont été d'un précieux concours aux forces russes.

Sur le front roumain, les Russes, appuyés par un feu violent d'artillerie, ont franchi à la Baïonnette les fils barbelés de l'ennemi et se sont emparés de ses positions fortifiées, sur les collines à l'ouest de Jacobeni. Ils ont fait à nouveau plus d'un millier de prisonniers et capturé 10 mitrailleuses.

A noter aussi que l'escadre russe de la mer Noire a totalement détruit une flottille de bateaux de ravitaillement, partie des côtés d'Anatolie à destination du Bosphore : c'est une très grosse perte pour la Turquie affamée.


Du lundi 5 février au dimanche 11 février 1917 

Sur les fronts belge et français


L'artillerie belge de tous calibres a soutenu, cette semaine, un duel qui a été particulièrement violent dans la région de Dixmude : au nord de la « Maison du Passeur », les Allemands ont tenté vainement de pénétrer dans les lignes des Alliés. Vives luttes d'artillerie, le 7 février en Belgique, dans le secteur du canal de Paschendaele sur la rive droite de la Meuse, entre Louvemont et les Chambrettes, ainsi qu'en Lorraine, dans la région Emberménil-Reillon.

En Alsace, dans la région d'Aspach, au nord-ouest d'Altkirch, après une préparation d'artillerie, nos reconnaissances ont pénétré en trois points différents dans les positions allemandes. Après avoir bouleversé les ouvrages de l'adversaire et détruit ses abris, nos troupes sont rentrées sans avoir subi de pertes.

En Lorraine, après un vif bombardement de la région d'Emberménil-Voho, les Allemands ont attaqué en fin de journée, un saillant de nos lignes vers Emberménil. Contre-attaqué aussitôt, l'ennemi a été chassé des éléments avancés où il avait pris pied.

De part et d'autre du front anglo-français, les coups de main se sont poursuivis. Les Anglais attaquent dans les secteurs de Vermeilles et d'Ypres ; l'ennemi sonde la ligne britannique au sud d'Armentières. Quant aux Français, c'est dans la région de l'est de Reims qu'ils réussissent quelques opérations ; puis à l'ouest d'Auberive, en Champagne, et aux environs de Bézange et de Parroy, en Lorraine. A signaler aussi l'activité de l’artillerie sur la rive gauche de la Meuse (au nord-ouest de Verdun), alors qu'elle semble diminuer d'intensité en Alsace, où les Allemands massent des forces considérables.

Des deux côtés, l'aviation, elle aussi, lutte ferme ; les aviateurs allemands survolent et canonnent les régions de Dunkerque, d'Amiens et de Nancy ; nos pilotes, ne se contentant pas de pourchasser ces assassins, ont bombardé des centres ennemis, tels que Bernsdorff, Fribourgen-Brisgau et Carlsruhe, ne visant toutefois que des objectifs purement militaires. L'Allemagne reconnaît avoir perdu 34 appareils pendant le mois de janvier.

Le 11 février, deux avions ennemis, dont un triplace, sont tombés dans les lignes françaises, abattus par nos pilotes dont le lieutenant Guynemer, qui a enregistré sa 33ème victoire.


Sur les fronts russe et roumain

Les communiqués russes annoncent une situation sans changement sur le front, de la Baltique à la mer Noire: ils ne signalent que quelques combats, malgré un froid extrêmement rigoureux, sur la ligne Milau-lac Babit, à l'ouest de Riga.

Le 6 février, les Allemands éprouvent de nouveaux échecs sur le front russe, près de Kolncem et au nord-ouest de Friedrichstadt.

Le 9 février, les Russes ont eu un succès sur les Autrichiens, près de Kimpolung, un autre sur les Turcs près de Guemisch-Kané (Arménie).

Sur le front roumain, le froid et la neige ne permettent qu'une canonnade intermittente.


Du lundi 12 février au dimanche 18 février 1917

Sur les fronts belge et français


Cette semaine, rien de saillant dans le domaine militaire aussi bien que dans le domaine diplomatique. Sur le front belge, activité de patrouilles dans la région de la « Maison du Passeur » et lutte de bombes et d'artillerie dans les autres secteurs.

Sur le front anglais, continuation des coups de main heureux : nos alliés enregistrent une nouvelle progression sur les bords de l'Ancre (3400 mètres de positions enlevées sur 1000 mètres de profondeur); ils réduisent, peu à peu, le saillant que la ligne ennemie formait entre la Somme et l'Ancre.

En Champagne, les troupes françaises reculent dans le saillant près de la Butte-du-Mesnil, puis ouvrent un feu d'artillerie extrêmement violent dans tout ce secteur.

Par contre, dans le saillant allemand d'Amertzwiller, en Alsace, les troupes françaises détruisent toute une organisation défensive solide : ce sont là des fluctuations inévitables et sans conséquence dans cette grande guerre.

L’aviation alliée, au cours de plusieurs raids sur Bruges, détruit la voie ferrée, endommage trois torpilleurs et atteint la manufacture de fusils.

Le 17 février, les forces britanniques passent à l’offensive sur la rive sud de l’Ancre, dans la Somme. 


Sur les fronts russes et roumains

Les Russes, qui, un moment, avaient dû céder du terrain devant une vigoureuse poussée allemande, sur leur front Nord, dans la région de Zlotschem, ont réussi à briser l'effort ennemi et à reprendre la plus grande partie des positions perdues.

Le 12 février, la région militaire de Petrograd est constituée sous la direction du général Khabalov qui reçoit les pouvoirs pour rétablir l’ordre. 

Aucun autre fait important ne s'est produit sur le reste de l'immense front Allemand.


Du lundi 19 février 1917 au dimanche 25 février 1917

Sur les fronts belge et français


Nous ne sortons pas des habituels coups de main : les Anglais les continuent en Artois et dans la Somme, les Français en Champagne et en Alsace.

Le 19 février, au bois Le Prêtre, un de nos détachements a pénétré dans la tranchée ennemie et détruit les ouvrages et les abris de l'adversaire. Les Anglais, grâce à des opérations heureuses, ont réalisé une nouvelle et importante progression sur les deux rives de l'Ancre. Au sud de la rivière, ils ont enlevé les positions allemandes en face de Miraumont et de Petit-Miraumont, sur un front de 2400 mètres. Ils ont pénétré jusqu'à plus de 1000 mètres en profondeur dans les organisations adverses. Au nord de la rivière, ils ont conquis une importante position sur les pentes supérieures de l'éperon, au nord de la ferme de Baillescourt. Une contre-attaque a été rejetée. Les Anglais font 268 prisonniers, dont 6 officiers.

Le lendemain, une assez grande activité a lieu entre les deux artilleries dans les secteurs d'Avocourt, de la côte du Poivre et de Bezonvaux. Les batteries françaises exécutent des tirs de destruction efficaces sur les organisations allemandes au nord de Damloup.

Actions d'artillerie assez vives entre l'Oise et l'Aisne et dans le secteur d'Avocourt, le 21 février. Sous la protection d'un violent bombardement qui détruisit entièrement une tranchée, de forts détachements ennemis, soutenus par des lance-flammes, se sont précipités à l'assaut d'un petit poste anglais au sud du Transloy. Le 22 février, les Anglais exécutent avec succès plusieurs opérations en différents points du front.

Sur la Somme, ils occupent des éléments de tranchées au nord-est de Gueudecourt, en faisant 21 prisonniers. Un détachement entre fort avant dans les lignes allemandes, au sud d'Armentières, sur un front d'environ 600 mètres, infligeant de nombreuses pertes à l'ennemi et ramenant 44 prisonniers. Un autre coup de main permet à nos alliés de pénétrer dans les positions allemandes sur un front de 450 mètres. L'ennemi subit de fortes pertes. 114 prisonniers, dont un officier, et 4 mitrailleuses sont capturés.

Le 23 février, une lutte d'artillerie assez vive a lieu sur la rive droite de la Meuse, dans le secteur de la côte du Poivre. L’artillerie française prend sous son feu et disperse un détachement allemand qui sortait de Béthincourt (rive gauche de la Meuse).

Dans les Vosges le 25 février, un détachement français pénètre dans les lignes ennemies, au nord de Senones. Après un bombardement violent, les Allemands tentent sans succès un coup de main sur les tranchées françaises de Wissembach et font deux autres tentatives infructueuses sur les tranchées alliées du Nolu (Alsace).

A retenir, cette semaine, l'incursion de l'un de nos dirigeables dans la région de Briey, en Meurthe-et-Moselle, où il a bombardé des usines en activité.

Quatre cents kilos de projectiles ont été lancés par nos avions sur les bivouacs allemands de la forêt de Spincourt.


Sur les fronts russe et roumain

Les communiqués sont très laconiques : « Fusillade habituelle et reconnaissances de petits groupes d'éclaireurs». Le 20 février, au sud de Wichneuskoie, les Allemands lancent quatre nappes de gaz sur les troupes russes.

Le 21 février, les troupes allemandes tentent un assaut contre les russes à Porgaitze, mais essuient un échec radical.

Le 23 février, les Russes arrêtent de fortes colonnes ennemies qui les attaquent dans le secteur de Dorna-Vatra.

En Roumanie, la canonnade reste violente sur les lignes du Screth.


Du lundi 26 février au mercredi 28 février 1917

Sur les fronts belge et français


Les troupes de reconnaissances françaises ont effectué avec succès deux coups de main sur des postes ennemis en forêt d'Apremont et au nord de Badonviller. L’artillerie s'est montrée active dans la région du Mort-Homme. Ainsi, les tirs de destruction ont donné de bons résultats sur quelques points du front de Lorraine et des Vosges.

Une escadrille française bombarde efficacement, le 26 février, les gares de Grandpré et de Romagne-sous-Montfaucon.

Les Anglais ont progressé dans la vallée de l'Ancre. Leur avance s'étend sur un front de 17 kilomètres 600, de l'est de Gueudecourt au sud de Gommecourt et a atteint une profondeur de 3 kilomètres 200. Outre Serre, ils ont occupé le point d'appui de la butte de Warlencourt, le village de ce nom, Eaucourt, Pys et Miraumont, et atteint les abords de Le Barque, Irles et Puisieux-au-Mont. Ils ont rejeté une attaque sur l'un de leurs postes au sud de la Somme. Un coup de main au nord d'Arras leur a valu 24 prisonniers. Leurs détachements ont pénétré dans les tranchées ennemies à l'ouest de Monchy-au-Bois et à l'ouest de Lens, ramenant des prisonniers.

Sur le front belge, lutte à coups de bombes dans la région Steenstraete-Hetsas et actions d'artillerie sur divers points.


Sur les fronts russe et roumain

Le 26 février dans la région de Semenki-Letscheniaty (sud du lac Wichnawski), les Allemands ont émis des gaz que le vent a retournés contre eux.


F.M.


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