MAI - JUIN 2021

Bien-pensance et bienfaisance

par Marie-Simone POUBLON


Francesco Alberoni disait que « l’intelligence est programmée pour la création du différent ».
Si notre intelligence crée de la différence, c’est sans doute parce que le poids d’une société « bien-pensante » pèse dans la balance d’une société « bienfaisante ».
Comment notre intelligence reconnaitrait-elle le mieux-disant ou le mieux-faisant ? Quel est, par incidence, le poids des valeurs humanistes et morales ?
Certaines nouvelles lois font débat mais les mouvements de protestation finissent par disparaître au profit de la bien-pensance collective et du détournement du débat par les politiques ou les associations qui renversent ledit débat au profit de leurs intérêts.
À titre d’exemple, nous passons ainsi d’une journée de la femme, le 8 mars dernier, à une revendication-provocation pour l’égalité de traitement entre je cite « pénis et clitoris » (avec les mouvements actuels LGBT, sait-on vraiment combien il y a de genres et de possibles ?)) et autres mouvances comme Black lives maters, Femen,… où récemment le « gang du clito » 1.
affichant un clitoris de 5 mètres de haut sur le parvis des droits de l’Homme (revendiqueraient-elles aussi un « parvis des droits de la femme » ?). Entre elles tout est possible y compris le lynchage et l’agression pour raisons idéologiques.
Dans un passé proche, l’exemple des « Gilets jaunes » a aussi démontré qu’il existait bel et bien un fossé entre la vie de l’individu au sein de la société et sa vie sociale collective. Aujourd’hui se sont les individus qui font la bien-pensance sociétale. Chacun est prêt à dénoncer son voisin pensant ainsi faire œuvre de bien-faisance envers la société. On vous dit comment vous devez penser et vous comporter sans s’occuper de vos valeurs humaines et morales, voire religieuse. De qui se moque-t-on ? Le pouvoir a compris qu’il suffisait de créer parmi la population (dont le QI baisse régulièrement) qu’il fallait des collabos et des dénonciateurs. Les mêmes qu’en 1944 !
Comme disent les militaires « poser une question, c’est déjà désobéir ! ». En ne voulant pas vous soumettre, vous devenez dangereux pour le pouvoir en place qui se sert des individus objecteurs de votre propre conscience ! Lutter pour sa liberté, réveiller l’opinion endormie est un danger permanent pour celui qui vente la bien-pensance.
Dans notre société qui ôte chaque jour des libertés, seuls les femmes et les hommes libres s’opposent. La collectivité se tait.

Qu’en est-il de l’humanisme ?

L’humanisme trouve son origine en Italie pendant la Renaissance. Ce courant classique considère que l’homme a des capacités intellectuelles illimitées et donc que les savoirs sont nécessaires pour faire bon usage de ses facultés. C’est grâce à cette instruction dans les différents savoirs religieux, philosophiques, scientifiques que l’homme acquiert sa liberté en l’exprimant par la pleine et entière responsabilité de ses actes.
L’humanisme moderne est un leurre comparable à un homme sans visage. Mais, vous avez le droit de considérer que vous êtes un humaniste dans votre idéologie.
La standardisation et l’uniformisation des savoirs et des capacités intellectuelles voulues par le pouvoir dont la propagande est véhiculée par le fait qu’on ne vous laisse accès qu’aux informations contrôlées par les patrons des réseaux sociaux (citons ici les censures appliquées par You tube, facebook, etc), nous bâillonnent et nous avilissent au point d’atteindre une condition humaine robotisée ou du moins fortement conditionnée. Le pouvoir a généré chez nous une peur de ne plus satisfaire nos besoins primaires. En somme, un étalonnage par le bas où seule la gestion du quotidien est la base de notre vie. Inutile de réfléchir plus loin. Pour cela il y a d’autres « penseurs » qui le feront à votre place ; place qui ne vous sera jamais accordée car mal vous en prenne de briguer une ambition ! vous n’êtes pas dans le bon camp ! (pour le moment…rien n’est immuable et nous avons déjà vu dans l’histoire des événements s’emballer puis se retourner contre votre adversaire).
La censure frappe. Facebook censure, You tube frappe les résistants.
Regardons les ravages médiatiques du Coronavirus ! Des populations entières paniquent. Nous avons pourtant le remède. Vivre normalement. C’est une diablerie de penser qu’il faut s’empêcher de vivre par peur de mourir ! Alors que des pots de vin ont été donnés à des députés allemands du pouvoir en place pour leurs bons et loyaux services sur la vente des masques et des vaccins. De quoi se poser des questions…
Le coronacircus « Ludi Circenses », nos jeux du cirque à la Romaine. Cette expression chère à Victoria Abril, l’actrice espagnole bien connue en France à l’occasion de la remise des prix Feroz du cinéma espagnol à Madrid, n’est pas passée inaperçue. Tout ceci nous fait oublier d’autres urgences comme l’isolement des personnes âgées, nos épargnes qui vont bientôt se vider où les élections qui approchent.
Les politiciens virés reviennent en sauveurs près à manger dans la gamelle macroniste comme Nicolas Sarkozy (qui vient de se voir condamner à une peine de prison avec bracelet à la maison !) ou encore François Hollande (revanchard et sans vergogne !).
Un modèle de société inattaquable jusqu’à présent, tant que les ventres se remplissent, que les cerveaux, eux, se vident et que les grands capitaux profitent d’une manne financière de main-d’œuvre pas chère, tout le monde s’y retrouve.

Robotisation et intelligence

L’intelligence se manifeste par l’esprit critique ou résistant. Comment construire une société bien-faisante si la bien-pensance refuse toute pensée différente ?
La société robotisée a déjà commencé. La majorité des jeunes (mais aussi nombre de beaucoup moins jeunes) n’y voit aucun danger fondamental, tant que la tablette, l’ordinateur, le Iphone, la voiture sont connectés. Total recall !!! avec Snapchat, Konbini, Brut, etc. toutes ces applications qui ne véhiculent qu’images et mots « clés » faits pour abrutir nos jeunes qui ne pensent pas être manœuvrés. Aller vite est le seul souci dans ce monde de rapidité. Les manipulations et la propagande se fomentent depuis les réseaux sociaux, dont les contenus sont (parfois !) illégaux. Où est la liberté des jeunes ? s’aperçoivent-ils qu’elle est vitale à leur évolution ? Non. Du moment que tout ceci répond à leur univers d’instantanéité. Nous sommes des individus reprogrammables à souhait et les GAFA en profitent, de façon toujours plus insidieuse et en s’ingérant dans les gouvernements du monde entier.
Pourrons-nous compter sur l’éthique de ces puissants pour arrêter à temps le détournement de ce phénomène grave ? Pourrons-nous éviter que des fous parviennent à créer un homme au cerveau reprogrammé, sorte de cerveau à l’intelligence embarquée ? Le tout connecté du matin au soir, un monde virtuel, une société virtuelle, des individus percevant des images vraies mais dans un monde qui n’est pas le leur, objet du casque de réalité virtuelle.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Deviendrons-nous une espèce inhumaine créée par des fous ? Il suffit d’écouter le philosophe Éric Sadin pour se faire une idée de la chose.
L’intelligence humaine peut-elle se reprogrammer aussi facilement ? Que font ces gens des émotions et du libre-arbitre qui font de nous des humains ?
Nous reconnaissons un humain par sa capacité à identifier des « signes » dès une rencontre avec l’autre ou au travers d’un écrit ou d’une parole. Ces signes viendront nous rassurer, nous conforter parce que nos valeurs vont dans le même sens, ou au contraire nous inquiéter et nous opposer. Notre intelligence aura accès ou non à la pensée de l’autre. Toute la technologie du futur est basée sur des signes (mots et images) virtuels prêts à nous conduire dans une « anti-réflexion » ou une « intelligence programmée pour l’émotion voulue ». Un conditionnement extrêmement dangereux car l’observation se fait au travers de ces outils de l’instantanéité.
Marc Jeannerod, docteur en médecine et professeur de physiologie nous a appris que « la simple observation de l'habitus, de la posture, de l'expression, parfois même un détail saisi au cours d'une conversation, et la démarche diagnostique s'engage. Démarche intuitive, automatique, involontaire même, comparable en ce sens à la démarche commune qui aboutit, dès les premiers instants d'une rencontre, à se construire une image de l'autre et à se situer par rapport à elle ou à lui… »* L'homme sans visage et autres récits de neurologie quotidienne –Paris éditions Odile Jacob, 2007.
Les travaux de Jeannerod sur le cerveau intime donnerait au lecteur une explication plus scientifique ; néanmoins il est avéré, comme il nous le dit que « nous percevons de multiples signaux émotionnels chez les autres, dans le monde qui nous entoure. Sans que nous en ayons conscience, nos pensées les plus abstraites sont empreintes de tonalités affectives positives ou négatives qui orientent notre faculté de juger, et déterminent nos choix. » * Marc Jeannerod, Le Cerveau intime, Paris, Éditions Odile Jacob, 2002.

Un manque d’ambitions ?

Nous souhaitons tous une société évoluant vers le meilleur mais ne sommes pas prêts à nous investir pour que cela change.
La société légaliste et procédurière ne régit pas tout. Notre société fait ressortir le manquement, l’obsolescence ou la surabondance de textes de lois et de procédures. Le législateur légifère sur tout comme sur la loi qui vise à lutter contre le séparatisme et qui par voie de conséquences viendra encore réduire le champ d’actions de la communauté chrétienne ! Erreur ou volonté ?
D’autre part, nous disposons des animaux comme il nous convient. La pandémie du coronavirus nous montre à quel point les animaux servant à la recherche de laboratoire du monde entier sont sacrifiés en nombre colossal. La cruauté est (quasiment) impunie. L’agonie des animaux de consommation est indigne. Notre devoir est de le dénoncer. Nous sommes des êtres humains insensés qui acceptons une société dénaturée.
Déjà en 2006, Al Gore, conférencier et ancien Vice-Président des États-Unis, fervent défenseur de la planète, bouscule nos habitudes d’enfants gâtés de la surconsommation et nous informe sur les dangers du réchauffement climatique, de la démographie et de la productivité non maîtrisée. (Al Gore Une vérité qui dérange 2006). À revoir aujourd’hui, avec 15 ans de recul ! un choc.
La croissance démographique est l’enjeu de la survie humaine. Comment absorber plus de onze milliards d’individus prévus en 2100 ! Cette croissance trop importante mettra systématiquement en péril d’autres êtres vivants !
Au même titre que les Droits de l’homme et la charte de l’environnement, les droits de l’animal devraient être inscrits dans la constitution française. D’ailleurs, il faudra un jour débattre des sujets qui fâchent comme l’abattage rituel, la chasse ou les animaux de laboratoire.
Le philosophe Jean-Jacques Wunenburger disait en 1994 que « aujourd’hui nous sommes entrés dans l’ère des logiques molles, des credo consensuels, de la fin des grands récits historiques, bref d’une présumé post-modernité », par opposition aux idéologies de l’après-guerre (existentialisme et marxisme). Le philosophe affirme que « l’indifférence reflète logiquement un déficit de valeurs individuelles claires et de normes collectives visibles ». Jean-Jacques Wunenburger l’indifférence, faiblesse et force, 1994, revues scientifiques
Cette société s’empoisonne lentement par absence d’ambitions affirmées et de manipulations qui encensent ceux qui se prêtent au jeu de la Grand Jeu de la domination. Fini la domination blanche et revanche sur la colonisation faite par les blancs. Mais quand cette bêtise arrêtera-t-elle ? Comme si les jeunes générations étaient responsables de toute l’histoire de France et de Navarre ! Ne rien faire et se taire face à un tel fléau ne sont que des attitudes absurdes contraires à la liberté. De ces manquements aux fondements éthiques naissent l’affaiblissement du sens moral et l’inappétence pour l’excellence.
Une partie des individus se mobilise pour un monde plus juste, l’autre l’affronte avec les mêmes convictions. N’y aurait-il pas un « juste milieu » qui donnerait du sens à nos actions ?

Fin d’une civilisation ?

Nous sommes à la fin d’une civilisation imposée par des institutions au service de fous toujours plus puissants qui nous conduisent à l’esclavage moderne. Les peuples n’y voient que du feu. Ils sont enchaînés tel Prométhée à son rocher et ne sortiront de cette impasse qu’au prix de leur vie. Ceci nous invite à réfléchir.
Certains le savent déjà et sont prêts à se battre contre cette absurdité de progressisme qui consiste à croire que chacun peut avoir accès à l’autre, à sa culture, à son identité et peut devenir l’autre. Les leçons du passé, de l’histoire ont prouvé que certaines choses n’étaient pas possibles. N’en déplaise à la Ministre de l’Egalite entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno2 qui disait que Napoléon était « l'un des plus grands misogynes » et « a rétabli l'esclavage » et que la commémoration du bicentenaire de sa mort était donc inutile. Il faut être fier de son histoire car elle est comme elle est. Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir. La mode est à la destruction des statuts des personnalités (à l’exemple des Khmers rouge et des Talibans) ou à l’oubli des commémorations qui ont fait la grandeur de la France mais… qui ne sont pas aujourd’hui dans la mouvance des « idéologistes » actuels. Mais de quel droit ?
L’intelligence ne reprend pas ses droits tant que les divisions au sein des communautés s’exercent. La concorde tant souhaitée dans une République née en octobre 1958 n’est plus à l’ordre du jour. Il n’y règne que la discorde pour le plaisir des dominateurs qui s’en amusent bien.

M-S. P.

NOTES ET RÉFÉRENCES

1. https://www.leparisien.fr/video/video-un-clitoris-geant-pose-devant-la-tour-eiffel-08-03-2021-PURCIOVZTZBH7EGTONOESADGKE.php
2. https://www.rtl.fr/actu/politique/celebrer-le-bicentenaire-de-la-mort-de-napoleon-moreno-pas-convaincue-7900005536

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