NOVEMBRE 2016

De mai 68 et du vieil establishment anglo-saxon

par Nicolas BONNAL


Parlons de mai 68. Comme disait le philosophe libertarien Murray Rothbard (aux antipodes des néocons et de leurs relais médiatiques), « on appelle conspirative l’histoire qui n’est pas rédigée par l’autorité étatique officielle » et ses rédacteurs orwelliens. Cette citation importante met en relief le fait que l'histoire officielle (celle qu'on enseigne à l'école) est en elle-même une conspiration destinée à couvrir les crimes et les méfaits de nos élites privées ou bureaucratiques, et ce quelles que soient les prétentions des fonctionnaires qui l'enseignent ; Nietzsche en parle déjà dans la deuxième considération. La désintégration de l'enseignement historique en France (ou de ce qu'il en restait...) sous le gouvernement socialiste met en lumière cette tentative.

L'universitaire Ralph Raico en Amérique décrit, dans A libertarian rebuttal (sur Mises.org) les nuisances que représentèrent les présidents mythiques comme Lincoln, Wilson ou Roosevelt. Et Rothbard explique ailleurs que l'Amérique n'a livré que deux guerres justes : la guerre d'indépendance et la guerre de Sécession, mais côté sudiste bien entendu. Revoyez le meccano de la générale !

Mais restons en France – ou dans notre hexagone !

Le Français moyen, comme le chien Ran-Tan-Plan, « sent confusément quelque chose à propos de mai 68 ». Le « bataclan » de ce légendaire mois avait tout en fait d’une « révolution orange » destinée à mettre à l’écart un pouvoir hostile, celui du gaullisme, et de soumettre la France, pardon, l'hexagone, à des intérêts occultes. Sempiternel malaise social français mis à part (voyez Vallès, Zola, Le Bon), « on » utilisa des émeutiers, on manipula des grévistes, on dénonça un despote, on déploya le beau slogan « CRS SS ».

Le gaullisme fut en fait sauvé par la Russie et par la CGT. Et comme dit un inspiré Guy Debord, « rien, depuis vingt ans, n’a été recouvert de tant de mensonges commandés que l’histoire de mai 1968 ». Roger Frey parla de l’argent qui passait par la Suisse (l'Express N°2437) ; le fils du Général a dénoncé le rôle de forces opaques durant les événements les plus mal expliqués de notre posthistoire.

Le cruel dominion socialiste et chrétien-démocrate de la Quatrième république avait donné à l'empire américain toutes les garanties. Puis vint au pouvoir le Général dont les convictions anti-impériales ne plurent pas à tout le monde. S’ensuivit une longue bataille politique et médiatique contre le pouvoir gaulliste, bataille dont se plaint toujours le général.

Il est clair qu’à part Kennedy (victime de l'accident de la circulation que l'on sait !), les Américains détestaient de Gaulle. Ce dernier dénonce en 1964 à Peyrefitte les agissements de l’ambassadeur américain Bohlen (de la dynastie Krupp) avec la presse et la bourgeoisie aux ordres. Sur cette bourgeoisie, Chevènement a dit un jour lors d’une vieille émission de l’ORTF : elle était aux ordres des Allemands pendant la Guerre, elle est aux ordres des Américains aujourd’hui. Et le gaullisme prétendait gêner le lebensraum germano-américain qui engloutit aujourd’hui nos vieilles nations, pendant que la « nouvelle Europe » des baltes, dirigée par des professeures américaines, exige en trépignant sa guerre nucléaire contre la Russie.

On trouve deux éléments importants chez Carroll Quigley. Il dit dans son opus sur l'établissement anglo-US (il célébra la création de la table Ronde) que la France fut poignardée dans le dos (stab in the back) par l’Angleterre au cours des années trente, au moment notamment de l'accord naval anglo-nazi de 1935, parce que le groupe Milner ne voulait pas d’une grande guerre contre le nazisme ; il ajoute qu’on déclarerait la guerre au nazisme, mais qu’on ne la mènerait (wage) pas. Ce fut la « drôle de guerre » anglo-allemande, qui dura après le 10 mai 40 : l’anglophilie nazie fit le reste, en Méditerranée et ailleurs. On préférait tuer du russe. Guido Preparata explique tout cela très bien. Pour lui les nazis ont joué les idiots utiles pour anéantir la puissance allemande et la Russie ; et ils n'ont jamais bien compris l'hostilité de l'élite anglo-américaine, alors qu'ils croyaient œuvrer pour elle. Preparata donne une interprétation cryptée, extraordinaire, des Falaises de marbre de Jünger (enfin, allait-on dire).

Sur de Gaulle, Quigley, professeur d'histoire de Bill Clinton, ajoute haineusement ceci, dans Tragédie et espoir :


« La France, malgré de Gaulle, devra accepter une Europe politique… Les USA veulent que l’Europe soit unifiée et alliée ; De Gaulle veut l’Europe désunie et indépendante… Il semble évident que l’Europe, malgré un considérable retard causé par De Gaulle, émergera unifiée et indépendante ».


Et bien c’est fait : et mai 68 mérite sa médaille du congrès.


N.B.


Bibliographie

Quigley (Carroll) – Tragedy and hope ; The anglo-american establishment

Preparata (Guido) – Conjuring Hitler

Peyrefitte – C'était de Gaulle

Rothbard (Murray) – A libertarian manifesto

Raico (Ralph) – A libertarian rebuttal

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