JUILLET - AOÛT 2017

Philoctète à Lemnos

par Anatoly LIVRY


Ὁκόσα δὲ τῶν νουσημάτων γίνεται ἀπὸ τοῦ σώματος τῶν μελέων τοῦ ἰσχυροτάτου, ταῦτα δεινότατά ἐστιν· καὶ γὰρ ἢν αὐτοῦ μένῃ ἔνθα ἂν ἄρξηται, ἀνάγκη, τοῦ ἰσχυροτάτου τῶν μελέων πονεομένου, ἅπαν τὸ σῶμα πονέεσθαι· καὶ ἢν ἐπί τι τῶν ἀσθενεστέρων ἀφίκηται ἀπὸ τοῦ ἰσχυροτέρου, χαλεπαὶ αἱ ἀπολύσιες γίνονται.

Περὶ φύσιος ἀνθρώπου


La capacité de survie d’un peuple est égale à la puissance spirituelle dont il dispose pour admirer ces héros et ces prophètes qui ont, leur existence durant, combattu tous les types de tabous meurtriers pour la communauté nationale et auxquels la vie a fini par donner raison. Les grands créateurs des concepts fondateurs de notre civilisation ne se sont pas trompés : un philosophe a d’abord une vision médicale de la société et dans son diagnostic, il s’adresse à ses collègues, ceux qui l’entourent et ceux qui lui succèderont. Cet article est consacré à l’un de ces Asclépiades, Jean-Marie Le Pen. Des années durant, j’ai sciemment refusé de traiter, dans mes travaux, de Jean-Marie Le Pen tant qu’il était tout-puissant au sein de ce Front qu’il a porté à la gloire, car les philosophes cèdent à la banalité quand ils s’attellent derrière une personnalité véhiculant des thèses victorieuses – même si elles sont justes. Il n’y a d’authentique grandeur que dans la défense de citadelles sur le point d’être submergées par des Sauvages considérablement plus nombreux ; il n’y a d’authentique noblesse que dans la défense de cause perdue pour le sens commun. Il serait maintenant temps et de bon ton de parler de Jean-Marie Le Pen.

Dans mes séminaires de philosophie politique lus dans des universités étrangères (qui ne sont que la suite logique de ma thèse de doctorat préparée à Nice-Sophia Antipolis avec Patrick Quillier, puis soutenue devant un jury international composé de six membres1), je présente Jean-Marie Le Pen comme un hippocratique, un diagnosticien tellement moderne que les prévisions qu’il n’a cessé d’offrir durant environ un demi-siècle ne furent ni écoutées ni encore moins suivies, et ce, tant par les charlatans qui règnent sur les facultés de « médecine civique » que par le patient, cette nation française qui a trop naïvement fait confiance aux escrocs du monde politique, des vendeurs de breuvages chers et nocifs, p. ex. leur « immigration inévitable et bienfaitrice » (et s’ils croient eux-mêmes à leurs potions destinées à guérir une « maladie sacrée », leur escroquerie n’en reste pas moins méprisable).

Il existe une tragédie grecque que mon maître en médecine grecque antique, Jacques Jouanna, actuellement à l’Institut de France, a, à juste titre, enseignée comme étant l’œuvre d’un Asclépiade, ainsi que le fut Sophocle durant son vivant et après sa mort : Philoctète2. Voici l’histoire simplifiée, réadaptée par Sophocle, à l’âge de 85 ans, pour les grandes Dionysies de 409 : un héros grec mordu par un serpent s’enferme avec sa haine, avec son orgueil et avec a puanteur de sa jambe blessée dans une caverne de Lemnos.

Les Achéens savent que seul son arc peut leur garantir la victoire, mais lui préfère mourir dans la souffrance et entouré de bêtes fauves. Son arrogance et sa détestation des siens sont plus fortes. Ulysse, que Philoctète exècre, vient le chercher accompagné de Néoptolème, fils d’Achille. Il arrive plusieurs péripéties, comme le vol de l’arc, mais cette démarche s’avère vaine car, maniée par tout autre que Philoctète, cette arme ne peut remplir son rôle dans le dénouement de l’affrontement sous les murs d’Ilion. Tout se passe pour le pire et il n’y a aucune issue à cette rage meurtrière : sans l’intervention de l’archer supra-humain qu’est Héraclès, le poison aurait fini par ronger Philoctète et la guerre de Troie se serait terminée par la victoire des Barbares. Et, si je puis continuer après Sophocle, toute notre civilisation indo-germanique n’aurait jamais eu ne serait-ce que la chance d’exister.

Le peuple français régicide sombrait dans une frénésie de douleur et de haine autodestructrice et le serpent, la sophistique égalitariste des ignobles « Lumières » directement issues de la civilisation alexandrine, l’avait mordu. Le venin d’un socratisme destructeur coule dans son sang depuis environ deux siècles. Pire encore : il empoisonne une civilisation toute entière – contaminant ses voisins celtes, germains ou slaves –, en bloquant son évolution tragico-aristocratique, et ce, alors même que la supériorité de l’antique France (totalement étrangère aux terroristes et à leurs « républiques ») reste prestigieuse au-delà de ses frontières et de sa disparition. Ce Philoctète francophone aurait pu s’en sortir, il y a quelques décennies, notamment grâce à l’intervention du Achille Jean-Marie Le Pen, ce héros qui, de plus, a survécu face aux Barbares et aux Barbaresques et a pu profiter de la seconde moitié de son destin pour acquérir la sagesse. Jamais cependant, le peuple français intoxiqué n’a prêté l’oreille aux prescriptions de ce héros métamorphosé en sage par sa longévité, lequel a néanmoins commis une faute toute humaine : ne possédant pas de fils, de jeune guerrier, c’est une femme, sa fille, qu’il a envoyée proposer le bistouri approprié aux Français. Là est sa faille ! Sa fille l’avait trahi : elle ne désire pas l’application de l’art chirurgical mais obéit aux pulsions d’un cancéreux insensé qui lui impose ses tabous inculqués par des charlatans. Le peuple français, indigne héritier fou, préfère détourner son arc des buts surhumains auxquels il était destiné et pourrir dans son arrogance révolutionnaire dont la très médiatisée invasion afro-asiatique et son terrorisme ne sont que l’ultime expression, cohérente et naturelle. 

Il arrive des moments où un disciple d’Hippocrate doit faire preuve d’une cruauté certaine envers son patient, surtout si celui-ci est atteint de maux tant physiques que spirituels. Je décris bien les conditions présentes : nous sommes confrontés à une situation autrement tragique, car, en contemporains trop raisonnables, nous ne pouvons espérer en l’épiphanie d’un Héraclès. Le vieux Achille, fondateur du Front national, fort de ses exploits de guerrier et de sage, vit toujours. Mais le Philoctète, psychosomatiquement déréglé, voit le cancer de l’immigration qu’avait diagnostiqué Jean-Marie Le Pen se métastaser dans tous ses organes vitaux, faute de soin. La tragédie vire au drame satyrique : ce grand malade, le peuple français, se contente d’écouter une fille parricide qui ne fait que répéter les préceptes des charlatans, doublement odieuse car ses soi-disant remèdes, elle les commercialise en affichant le nom de son père au-dessus de la porte de sa boutique.

Alors, constatons en cliniciens expérimentés : les actes terroristes auxquels nous assistons actuellement ne sont que l’insignifiante réaction cutanée d’un cancer généralisé, ce cancer que les pseudo-oncologues avaient déclaré bénin (ne sont-ils pas allés jusqu’à le souhaiter ?) pendant des décennies tout en calomniant (pire encore : en poursuivant en « justice ») son diagnosticien génial, Jean-Marie Le Pen. Ce Philoctète agonisant, notre France, et par conséquent toute la civilisation indo-européenne de l’Occident, ne peut être sauvé que par une intervention miraculeuse doublée d’une cruauté médicale inouïe. Toutes les métastases ayant gagné les organes vitaux doivent être extirpées, et cela, sans pitié. Mais cela n’est possible que via un changement total de diagnostic, ce qui va à l’encontre de la gestion idéologique du pays à laquelle de nombreuses générations de Français se sont accoutumées. Tous les responsables de ce long assassinat de la France – politique et doctrinal – devraient être jugés et exécutés publiquement : ils ont le sang de millions d’Européens sur les mains. Et les honneurs, tant nationaux que publics, doivent être rendus à ce vieux Achille encore vivant, Jean-Marie Le Pen, dont rues, places et universités devraient porter le nom – à commencer par la faculté de médecine de Paris ! Si cet acte de résistance hippocratique n’a pas immédiatement lieu, la France, l’Europe et, dans quelques générations, l’humanité tout entière cesseront d’exister.


1 Thèse de doctorat en littérature générale et comparée « Nabokov et Nietzsche » soutenue par Anatoly Livry le 4 juillet 2011 à l’Université de Nice – Sophia Antipolis ayant comme membres du jury : Mmes, MM. les Professeurs René Guerra, Natalia Pakhsaryan, Patrick Quillier, Philippe Marty, Isabelle Poulin, Carole Talon-Hugon.

2 Cf. Jacques Jouanna, Sophocle, Paris, Fayard, 2007, 906 p.


A.L.

Partager cette page

S'abonner à « Méthode »


Saisissez votre adresse mail dans l'espace ci-dessous : c'est gratuit et sans engagement

Nous contacter