JUIN - JUILLET 2020

Vers la chute de l'empire occidental : quand la réalité rattrape les prospectives declinistes

par Olivier PIACENTINI


Le premier ouvrage que j’ai publié en 2016 s’appelait « Vers la chute de l’Empire occidental. » Dans ce livre, je décrivais tous les facteurs politiques, géopolitiques et économiques qui concourraient au déclin du monde Occidental. Au-delà de l’accueil favorable qu’il reçut dans les milieux de droite, le livre me valut les étiquettes de décliniste, déclinologue, et autres noms d’oiseaux peu gratifiants. Constater avec des faits avérés, des arguments objectifs, le déclin de l’Occident ne mérite pas une contradiction sérieuse, un débat contradictoire qui opposerait d’autres arguments, et qui contribuerait à faire jaillir la vérité. Non, trouver que l’Occident va mal, c’est être décliniste, un point c’est tout. Une sorte de maniaco-dépressif qui projette ses angoisses sur le monde dans lequel il vit. Le terme décliniste se veut aussi infamant que défaitiste, mais en temps de paix.
Plus exactement en temps où l’Occident, tournant le dos à toutes ses valeurs millénaires, à toute son histoire, mais également à tous les principes de base de la géostratégie, se force à regarder le monde à travers un prisme préétabli par ses élites : le mondialisme. Un schéma qui ne se base pas sur la réalité telle qu’elle est, mais sur la vision fantasmée d’un monde qui, comme par hasard, correspondrait à la vision que l’Occident voudrait en avoir. Un monde prétendument pacifié, acquis aux valeurs occidentales, qui ne rêve plus que de blue jeans, de fast food, de cinéma hollywoodiens et de parcs d’attraction. Un monde qui ne veut plus de frontières, veut acheter des produits de tous horizons, se divertir avec des formats qui transcendent les différences, voyager partout, s’enivrer dans les loisirs et la consommation. Un monde acquis aux valeurs occidentales, qui veut entrer dans la sphère de liberté et de prospérité qu’il fait miroiter aux autres continents. Un monde totalement occidentalisé, en somme : c’est ainsi que Fukuyama évaluait la situation au lendemain de la fin de la guerre froide. L’Occident avait gagné, il n’avait plus de modèle alternatif, plus de concurrent sérieux, tout le monde rêvait de devenir occidental. Il fallait désormais tendre la main à tous ces peuples, leur donner la possibilité de devenir eux aussi de vrais occidentaux en accompagnant leurs pays sur le chemin de la prospérité.
C’est ainsi que l’on parviendrait à la paix universelle. Il est évident qu’une telle foi dans un projet aussi utopiste rappelle curieusement les grands idéaux du marxisme, les rêves d’un monde délivré de la lutte des classes, de la propriété, où tous les hommes seraient égaux et vivraient en paix en partageant les fruits de la prospérité. C’est sans doute pourquoi le simple fait de contester la validité et le réalisme de ce projet attire les mêmes réactions que celles que les opposants au communisme pouvaient recevoir à la grande époque : ces critiques ne peuvent relever que d’esprits déviants, qui refusent le progrès, restent engoncés dans les mesquineries bourgeoises, ou maintenant nationales, ne voient pas le monde évoluer.
En recevant le qualificatif décliniste, on devient un peu réactionnaire, un peu raciste, un peu passéiste, pessimiste, bref on ne comprend rien au monde actuel, encore moins au monde de demain. Et dans ce cas, le débat est inutile, l’anathème suffit à disqualifier le contradicteur.
Cette théorie de la « Fin de l’histoire et du dernier homme » correspondait parfaitement à l’état d’esprit d’un occident désormais délivré de la hantise de la guerre froide, qui après avoir exorcisé le cauchemar de deux guerres mondiales, ne voulait plus entendre parler de conflit armé, de risques nucléaires, bref refusait le combat. Il correspondait aussi aux intérêts des élites occidentales, banques et multinationales, qui piaffaient depuis longtemps de pouvoir partir à la conquête de nouveaux marchés de pays du tiers monde, encore enfermés dans le glacis soviétique. L’ouverture de ces pays, Russie, Chine, Viet Nam, Cambodge, Angola, Pays de l’Est de l’Europe, allait leur procurer d’immenses opportunités. Car depuis trente ans, les milieux d’affaires n’avaient plus confiance dans la stabilité d’un monde du travail occidental traversé par de fréquentes convulsions, rebelle et vindicatif depuis la fin des années soixante. Alors que jamais l’Occident n’avait connu une telle prospérité, sa jeunesse s’était rebellée, entrainant derrière elle la classe ouvrière. Et l’Occident était pris de convulsions répétées, grèves, émeutes étudiantes, ouvrières, quand ce n’était pas mouvements terroristes comme les Brigades Rouges en Italie. Alors, il valait mieux trouver d’autres forces de travail parmi d’autres peuples, bien moins gâtés par la vie, bien plus corvéables, bien moins exigeants en termes de salaires et de conditions. Dès le sortir de la guerre froide, on s’empressa tout de suite de lever les barrières douanières à la circulation des produits, dans le cadre d’un cycle de négociation baptisé l’Uruguay Round. Qui avait pour mot d’ordre officiel : préférence pour les pays du Tiers Monde. Il fallait aider ces pays en ouvrant les frontières des pays occidentaux, des marchés de consommateurs solvables, aux produits fabriqués dans l’hémisphère sud ou en extrême orient. Pour leur permettre de gagner leur vie, de marcher sur la voie de la prospérité. La stratégie des tenants de la mondialisation était simple : il fallait abandonner aux pays émergents les industries de base, à faible valeur ajoutée, les travaux pénibles, répétitifs, polluants, assommants à cause du bruit, des scories, des émanations, que les occidentaux ne voulaient plus occuper. Ainsi, une classe moyenne d’ouvriers, de cadres et d’industriels allait émerger dans le Tiers Monde, les Occidentaux allaient pouvoir lui vendre des produits de luxe, des voyages, des divertissements, des produits de technologie, à haute valeur ajoutée. Les délocalisations massives seraient un compromis gagnant-gagnant : les peuples du tiers monde seraient mis au travail et trouveraient ainsi emploi, revenu et dignité ; les peuples occidentaux pourraient se réorienter vers des métiers plus valorisants, plus qualitatifs, grâce aux opportunités qu’offrirait l’enrichissement de la moitié du monde.
Liés par des intérêts commerciaux communs, les échanges de marchandises, de capitaux, mais aussi culturels, les peuples marcheraient désormais ensemble sur un même chemin, dans un monde pacifié. Le rêve de paix universelle par le commerce international, proposé par Mgr de Boisgelin au XVIIIème siècle, serait désormais à portée de main. Or les choses ne se sont jamais déroulées ainsi. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’état d’esprit unanimiste, mondialiste, pacificateur qui imprégnait les Occidentaux au sortir de la guerre froide n’a jamais été partagé ailleurs qu’en Europe et en Amérique du nord. Les autres peuples n’étaient pas arrivés au même niveau de conscientisation du monde que les occidentaux. Les élites de ces pays restaient des politiques, quand l’Occident s’appuyait sur des élites issues du monde de la finance, du commerce ? Ces pays étaient encore restés bien plus ruraux et traditionnalistes que les occidentaux, urbanisés. Surtout, les stigmates de la colonisation étaient toujours là, et bien là. L’occident a oublié qu’elle a été la seule civilisation à avoir jamais planté son drapeau sur tous les continents. Et à avoir ainsi laissé des traces indélébiles, notamment une rancœur tenace, partagée partout, comme Jean Ziegler l’avait suggéré dans son livre « La haine de l’occident. » Les peuples d’enfants gâtés que nous sommes peuvent-ils comprendre le désir de revanche de peuples pauvres, qui se sont sentis humiliés, rabaissés, traités comme des laquais dans leur propre patrie ? Au lendemain des indépendances africaines, arabes, asiatiques, alors que les occidentaux ne voulaient plus célébrer les heures de gloire et les héros de légende qui ont fait leur grandeur, les pays émergents se créaient des mythes fondateurs en la personne des leaders des guerres d’indépendance, ou de ceux qui avaient résisté aux colons, comme Gandhi, Nehru, Nasser, Abd El Kader, Béhanzin etc…
Au début de la mondialisation, les pays émergents en quête de décollage ont accepté les conditions des multinationales occidentales, ont déroulé un tapis rouge sous leurs pieds, pour les inciter à y installer leurs usines : terrains industriels offerts, fiscalité dérogatoire, conditions sociales très avantageuses. Bien entendu, c’est en masse que les multinationales ont démonté leurs usines en Occident, pour les remonter en Asie, en Turquie, au Brésil. Très vite, dès le milieu des années quatre-vingt-dix, un pays comme la Chine connait des taux de croissance à deux chiffres. Pendant que l’Occident lui, voit sa production industrielle reculer, des millions d’ouvriers se retrouver au chômage. Sans que les contreparties en termes d’emplois qualifiés ne pointent le nez à l’horizon, en tout cas dans les proportions des pertes causées par les délocalisations.
Et pour cause : pendant que l’Occident jouait le jeu de la mondialisation, de l’ouverture, du partage des richesses, un pays comme la Chine raisonnait en termes de stratégie nationale, de puissance à bâtir, et planifiait sur le moyen et le long terme sa puissance future. Pendant que les pays occidentaux redistribuent la prospérité avec les états providences, et n’hésitent pas à s’endetter pour assurer le niveau de vie des populations malgré la désindustrialisation, la Chine elle capitalise les fruits de la croissance, monte des fonds souverains pour investir. Il y va de l’avenir de celle-ci, le décollage du pays étant lié avant tout au bas cout de la main d’œuvre, sa capacité à accepter les travaux les plus pénibles dans les conditions les plus spartiates… Mais il y va aussi de l’évolution du pays. Car un dirigeant aussi avisé que Deng Xiao Ping, qui a lancé la Chine dans cette voie, savait qu’il ne laisserait pas la Chine devenir un simple sous-traitant de l’Occident, que cette position ne ferait que prolonger la soumission coloniale, sous une forme édulcorée. Dès le début il savait qu’il fallait faire des efforts pour monter en gamme, s’améliorer en termes de qualité produite, de valeur ajoutée, pour devenir enfin un vrai concurrent des pays industrialisés, et se retrouver ainsi maitre de la situation et respecté. La Chine n’a pas joué en priorité le jeu de la vraie élévation générale du niveau de vie qui aurait permis aux occidentaux de lui vendre des produits à forte valeur ajoutée : elle a préféré sacrifier une génération entière, pour financer les structures aptes à assurer la montée en gamme de ses industries.

COMAC C919 
Outre les investissements colossaux dans les infrastructures, la formation, la Chine a réussi, au fur et à mesure qu’elle se rendait indispensable aux yeux des puissants, à opérer des transferts de technologie. Ainsi, un important contrat signé avec Airbus s’est conclu par l’obligation pour l’avionneur Européen d’installer une usine en Chine. Et depuis les Chinois ont mis le pied à l’étrier, avec la firme COMAC, qui a lancé en 2017 le premier avion de ligne en concurrence directe avec Boeing et Airbus…
L’Inde a connu la même évolution, quoique moins fulgurante : à l’origine cantonnée au textile, à la chimie lourde, l’Inde a développé dans la région de Bangalore une véritable Sillicon Valley asiatique, avec toutes les firmes occidentales représentées, en particulier les fameux Gafam… Des centaines de milliers d’ingénieurs informaticiens y travaillent. Désormais, l’Asie domine dans de nombreux secteurs, y compris les plus pointus : composants électroniques, médicaments, téléviseurs, ordinateurs, l’Asie n’a plus rien à envier à l’Occident en termes de technologie. En même temps qu’il délocalise, et s’appauvrit, l’Occident ouvre grand ses portes à l’immigration : c’est cela aussi, le partage de la prospérité à l’échelle mondiale, cela l’un des piliers du mondialisme. Plus l’immigration enfle, plus les sociétés occidentales se fracturent, se désunissent, et se trouvent confrontées à l’islamisation. Une islamisation planifiée et soutenue par les nouvelles puissances musulmanes, Turquie, Arabie Saoudite, Iran, Qatar. Comme l’avait prédit Huntington, la mondialisation n’a pas éteint la compétition entre les civilisations : au contraire, elle l’exacerbe. Et la pénétration à grande échelle de populations sur le territoire occidental est évidemment une arme dont se servent nos adversaires, comme l’avait clairement exprimé Erdogan : « Les turcs installés en Europe ne doivent en aucun cas s’assimiler, ce serait une trahison. Ils doivent devenir les vecteurs de l’islamisation du Vieux Continent. » On ne saurait être plus explicite : pourtant les états européens ont poursuivi sans frein la politique d’accueil massif, en particulier en 2015, quand Merkel décida unilatéralement de faire entrer 1,5 millions de migrants en Europe, sans même consulter ses « partenaires »…
Les économies occidentales ne cessent de reculer. Mais on continue à soutenir que la mondialisation est la solution, que si ça ne profite pas encore, c’est parce qu’on ne s’y est pas assez intégré, qu’on ne s‘y est pas suffisamment adapté : les mêmes arguments avaient cours dans l’ex-URSS, quand les dirigeants constataient que les objectifs des plans n’étaient jamais atteints, et en attribuaient la faute à l’insuffisance de socialisme…
En 2015, le PIB des six puissances occidentales du G7 atteignait 25000 milliards de dollars, et se voyait rattrapé par le PIB des BRICS : Brésil, Inde, Russie, Chine Afrique du Sud. Car en même temps que l’Occident s’affaissait économiquement, les pays émergents en profitaient pour pousser leurs pions sur les affaires du monde. Et n’hésitaient pas à se coaliser, même si rien d’autre ne les rapprochait que la soif d’empiéter sur la puissance occidentale. La crise des subprimes aura été une occasion en or de marcher sur les plates-bandes occidentales : les pays émergents n’auront pas laissé passer une telle aubaine. Pour compenser la désindustrialisation, les pays occidentaux ont lâché la bride à une finance dérégulée, de plus en plus axée sur la spéculation, sur des produits dérivés particulièrement risqués. Surendettés, de plus en plus sevrés de recettes à l’export avec la saignée industrielle, les gouvernements occidentaux ont trouvé dans la finance un pis-aller, d’autant que leur équilibre budgétaire précaire se trouvait de plus en plus soumis au bon vouloir des banques : depuis des décennies, les pays occidentaux sont tous plus ou moins en déficit, pour colmater les brèches dues aux pertes industrielles. La crise des subprimes a secoué des économies occidentales paralysées par les risques de faillite bancaire, qui n’ont trouvé pour seule planche de salut que le soutien des pays émergents, Chine, Russie, Inde, monarchies du Golfe, qui disposaient d’excédents considérables, quand les pays occidentaux se trouvaient tous exsangues. Les émergents ont sauvé l’Occident, ils ne l’ont pas fait pour rien.
Le G7 qui gouvernait le monde depuis quarante ans a cédé la place au G20 : Russie, Chine, Arabie Saoudite, Brésil, Mexique, Turquie entrent dans la cour des grands, prennent part à la gouvernance mondiale, ce qui fit dire à Herman Van Rompuy, président de l’Union Européenne : aujourd’hui marque l’an I du gouvernement mondial…
Un président de l’Europe qui se réjouit de voir les pays Européens perdre la main sur les affaires internationales, voilà qui pourrait sembler étrange : sauf que l’Occident est depuis des années trahie par ses élites, qui jouent à plein le jeu des multinationales, pendant qu’elles semblent s’ingénier à défaire la puissance de leurs nations… Et les BRICS de réclamer une refonte de l’ONU, de l’OMC, du FMI, de la Banque Mondiale… La Chine entre à l’OMC en 2001. Depuis, elle ne respecte aucune des conditions qui lui incombent en vertu de cette qualité, qu’il s’agisse des normes sociales, environnementales, sanitaires, et ne parlons même pas des droits de l’homme... Elle ne respecte même pas la réciprocité commerciale, c’est-à-dire le minimum de règles de la compétition économique. Mais personne ne lui en tient rigueur : les multinationales et les banques réalisent là-bas de tels profits, qu’il serait malvenu de remettre cela en question. La Chine pratique un dumping monétaire, avec un yuan sous-évalué ? Qui est en mesure de lui imposer un retour à la normale, à présent qu’elle refinance les états occidentaux ?
Alors la Chine peut continuer à tailler des croupières en Occident, à racheter via ses fonds souverains des fleurons de notre industrie, des ports et des aéroports européens, personne n’est plus en mesure de l’arrêter, et surement pas Obama ni Jean Claude Junker, ni Madame Lagarde. Comme personne ne peut mettre les monarchies du golfe devant leurs responsabilités, alors qu’elles financent Daesh, Al Qaida, les Frères Musulmans : vu qu’elles financent aussi la dette Française et d’autres pays, mais aussi nombre d’entreprises américaines ou européennes via leurs fonds souverains, qu’elles tiennent nos approvisionnements énergétiques à leur merci, qui peut encore les arrêter ? Les attentats terroristes sont donc la contrepartie à accepter, si on veut continuer à recevoir l’oxygène qui maintient nos budgets et nos entreprises en vie. Malgré tout cela, l’Occident empêtré dans la nasse se trompe d’ennemi : il semble mobilisé contre la Russie, ne manque aucune occasion de lui infliger des sanctions, tandis qu’il continue à faire le dos rond devant la Chine, les pays du golfe, la Turquie… Sans l’intervention de Poutine en Syrie, Daesh n’aurait jamais été éradiqué : c’est pourtant la Russie qu’on sanctionne à la moindre incartade, tandis qu’on laisse la Chine contrevenir à toutes les règles internationales, sans réaction. L’Occident n’a plus de vraie stratégie, n’a plus les moyens de ses ambitions, de la défense de ses intérêts, alors, il se laisse porter par les circonstances, toujours à la remorque d’un autre. Poutine a décidé de soutenir son allié Assad contre Daesh ? Allons-y, laissons-le faire, apportons-lui notre concours, nous nous débarrasserons ainsi à moindre frais des terroristes que nous ne pourrions pas éradiquer nous-même… Même si Poutine est mal vu par les élites occidentales, car son projet de restauration des valeurs nationales est le parfait contre modèle au mondialisme triomphant. L’Occident affaibli devient veule, impotent, et pourtant, il se raccroche toujours au mondialisme qui l’a mis dans cet état alors qu’il croyait avoir gagné la partie, vingt-cinq ans plus tôt. En attaquant systématiquement la Russie, en la mettant sur la touche, il est en train de la pousser dans le camp de la Chine qui depuis quelques années, montre des velléités de puissance sur d’autres terrains que l’économie : avec Xi, la Chine s’arme, se renforce, s’affirme comme la grande puissance asiatique, envoie ses coups de griffes en mer de Chine, parvient à isoler Taiwan, à effrayer le Japon, la Corée du Sud… Sans que l’Occident ne parvienne à rassurer pleinement ses alliés traditionnels.
Puis vint le président Trump : pour la première fois, une action concrète est menée contre la Chine et sa concurrence déloyale, mais également contre le libre échangisme en général, et contre l’ouverture des frontières. Trump veut renouer avec la puissance Américaine en se recentrant sur les intérêts de son pays. Plus question d’ouvrir en grand la porte à une immigration qui fracture et appauvrit la société, plus question de se laisser dévorer sans réaction par l’ogre Chinois. La balance commerciale des Etats-Unis présentait un déficit de 500 milliards d’euros vis-à-vis de la Chine… Situation intenable, que le simple bon sens appelle à remédier, mais qui suscite une véritable levée de boucliers dans des médias totalement affidés aux multinationales, et qui poussent à bout de bras la logique mondialiste et libre-échangiste. Depuis quelques années, l’aggravation de la situation en Europe et aux Etats Unis provoque des réactions dans l’opinion publique, avec le Brexit et la montée des populismes : preuve que les occidentaux commencent à remettre sérieusement en cause le modèle qu’on leur a imposé depuis trente ans. .
C’est dans ce contexte que survient la crise du coronavirus. Une crise partie de Chine, mais qui a surtout affaiblit l’Europe et dans une moindre mesure les Etats Unis. Ouverte à tous les vents, l’Europe n’a pas su réagir à temps, remettre en cause l’ouverture totale pour arrêter le virus : elle le paie cher aujourd’hui. Et se découvre impuissante, totalement dépendante de la Chine à l’heure où l’Empire du Milieu revient à la normale : masques, gels, médicaments, la Chine produit tout, y compris les produits les plus nécessaires, pendant que l’Europe est dans le dénuement le plus total. Et la Chine montre ses dents : dans un récent article du magazine pro-régime Global Times, on pointe du doigt les faiblesses de l’Europe et des Etats-Unis, on envisage de s’affirmer encore plus sur la scène internationale pour pallier aux défaillances de l’Occident…
Un Occident désormais piégé : pourra-t-il contrer les ambitions chinoises ? La Chine n’a plus aujourd’hui besoin d’envoyer ses troupes pour nous faire la guerre : il lui suffit de bloquer les approvisionnements, et toutes les forces productives occidentales se retrouveraient immédiatement à l’arrêt. Dans « Vers la chute de l’Empire Occidental, j’envisageais une collusion d’intérêts extra-occidentaux qui finiraient par venir à bout de notre puissance, et nous soumettraient. Pendant que l’Europe se débat contre le virus, Erdogan attend son heure. Lui non plus n’a plus besoin d‘attaquer militairement l’Europe : Madame Merkel lui a confié la garde de 3 millions de réfugiés, moyennant finance. Toujours et jusqu’au bout le mondialisme, sa veulerie, sa faiblesse et sa naïveté. À tout moment, Ankara peut lâcher cette marée humaine sur une Europe qui sera bien incapable de résister, avec les pitoyables moyens de l’agence Frontex… Plus affaiblie que jamais, l’Europe est désormais soumise au bon vouloir de puissances étrangères, qui peuvent lui porter des coups fatals : à voir comment l’Union Européenne a géré la pandémie, on doute qu’elle puisse résister aux forces terribles qui ne manqueront pas de s’abattre sur nous dans les mois à venir ; car mondialisme ou pas, la faiblesse aiguise toujours les appétits, fait redoubler les coups des adversaires, jusqu’à achèvement définitif…

O.P.

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