JUIN-JUILLET 2019

Civils sous le feu

par Erwan CASTEL


Dans le Donbass, la guerre n'a pas seulement une dimension de guerre civile mais l'agression menée par l'armée ukrainienne contre les « séparatistes » du Donbass vise ouvertement les populations civiles de Donetsk et Lugansk depuis 5 ans et particulièrement à nouveau depuis ces dernières semaines où un regain d'attaques ukrainiennes a été constaté sur les positions défensives de la milice mais aussi sur les zones résidentielles du front.
Sur les réseaux sociaux ukrainiens est apparue dans la nuit du 13 au 14 juillet 2019 la vidéo d'un bombardement sur 3 personnes courant dans un champ et qui visiblement ont été tuées par l'explosion d'un obus d'artillerie dont la précision du tir est qualifiée par les ukrops de travail de bijouterie. 
Ce bombardement aurait eu lieu dans le secteur de Promka, sur le front de Yasonivataya, au Nord de Donetsk.
Ce qui fait de cette nouvelle violation ukrainienne du cessez le feu un crime de guerre est qu'à priori les victimes de ce tir seraient des civils, ce que semble confirmer par les vêtements blancs du premier d'entre eux. Par ailleurs le comportement des personnes bombardées, courant groupées sous un bombardement (alors qu'il faut se disperser et se plaquer au sol) semble attester l'hypothèse que ce ne sont pas des militaires, formés et aguerris à ce genre de situation.
De plus, ce bombardement n'est pas un dommage collatéral comme il en existe malheureusement beaucoup dans les guerres modernes mais bien un tir intentionnel et dirigé avec l'aide d'un drone d'observation qui identifie et géolocalise sa cible.
Immédiatement, le réseau social Facebook, dont la priorité est de préserver la bonne image de cette pensée unique irréprochable dont il est un des vecteurs importants du soft power mondialiste, a supprimé cette vidéo compromettante, contrairement aux autres vidéos militaires de bombardements publiées par les ukrainiens. 
Il reste désormais à confirmer ou infirmer ce nouveau crime de guerre ukrainien.
Quoiqu'il en soit, sur ce front du Donbass, la population qui tente d'y survivre vit un cauchemar quotidien, menacée jour et nuit, soit par des bombardements de l'artillerie, soit par les tirs des armes d'infanterie, quand ce n'est pas par des mines semées sur le front depuis 5 ans.
Ainsi, pour ne citer que 3 exemples des jours passés :
  • Le 11 juillet lors de bombardements ukrainiens sur le secteur de Gorlovka, une civile de 70 ans a été tuée dans le village de Holmoisky par un éclat d'obus qui a traversé la fenêtre de son appartement.

Première victime civile des bombardements ukrainiens depuis l'investiture de Zelensky, une femme de 70 ans de Holmisky, près de Gorlovka (Nord RPD) tuée par des éclats d'obus le 11 juillet 2019

  • Le 12 juillet un civil a été grièvement blessé sur le front de la République Populaire de Lugansk par une mine au bord de la rivière Seversky-Donetsk où il été parti pêcher.  
  • Le 13 juillet, un civil de Dokuchaievsk âgé de 46 ans, a été touché par une balle au côté droit de la poitrine, à la suite de laquelle des munitions de 12,7 mm ont traversé sa cuisse, en fracturant l'articulation de la hanche. Il a été évacué vers Donetsk dans un état grave avec des risques d'amputation.
Ces attaques ukrainiennes qui se déroulent pendant la prétendue « trêve du pain » (et censée rappeler celle signée à Minsk en 2015) ont pour objectifs de terroriser une population déjà fatiguée par 5 années de blocus, de guerre et de peur afin de la dissuader de persévérer dans son cheminement vers la Fédération de Russie, ce qu'elle confirme un peu plus chaque jour depuis le référendum de 2014.
Certains villages comme celui de Zaitsevo sur le front Nord de Gorlovka sont bombardés depuis 5 ans et en passe d'être physiquement rayés de la carte par l'artillerie ukrainienne

Mais cette stratégie de guerre d'attrition de type occidental menée par Kiev conter le Donbass est vouée à l'échec, tout comme ses autres déclinaisons au Yemen, en Syrie ou en Iran par exemple, car nous avons ici des populations qui ont conservé un sentiment collectif supérieur à l'individualisme égoïste que l'on peut observer dans les pays occidentaux auquel il faut rajouter une capacité de résilience et une tradition de résistance exceptionnelles.
Mais le pire à mes yeux reste encore cette indifférence coupable des pays occidentaux qui ont parrainé cette "révolution de la dignité" en 2014 sur le Maïdan et qui a accouché de cette guerre à caractère génocidaire au cœur de l'Europe et qui a déjà fait près de 20 000 morts dans le Donbass et affecté plus de 8 millions de personnes.
Tout comme en Syrie où ils ont organisé et financé le chaos en soutenant le terrorisme salafiste, les pays occidentaux, pourtant si prompts à vouloir donner des leçons droitdel'hommistes au Monde entier, sont ici marqués du sceau indélébile de l'infamie pour soutenir et armer un totalitarisme ethnocentré criminel et ouvertement néo-nazi et pour mieux servir leur russophobie délirante.
Ce 17 juillet, plus d'une centaine d'obus d'artillerie ont été tirés sur le seul territoire de la République Populaire de Donetsk au cours de 17 violations du cessez de feu, et aujourd'hui les districts Dolomite, Staromikhaylovka et Petrovsky à l'Ouest de Donetsk ont subi pendant 2 heures des bombardements ukrainiens au cours desquels plus de 50 obus de 120mm ont été tirés. 
Et les bombardements ont continué pendant la journée, sur la périphérie de Donetsk et sur les zones habitées comme celles du quartier d'Oktyabrsky, au Nord de Donetsk, où une femme de 68 ans, résidant dans mon secteur, a été mortellement blessée par des éclats d'obus de mortier tiré depuis les positions ukrainiennes du village de Peski situé à l'Ouest de l'aéroport de Donetsk.
Hospitalisée aux urgences de l'hôpital voisin, cette retraitée n'a malheureusement pas survécu à ses blessures...
Je connais bien la rue Makarenka où ce nouveau bombardement s'est produit, c'est une petite rue de 300 mètres de long environ située à proximité de l'höpital 21, et trop loin des positions républicaines (à plus de 700 mètres pour les plus proches) pour accréditer l'hypothèse d'un dommage collatéral. 
D'ailleurs il suffit de regarder les vidéos publiées sur les réseaux des bombardements ukrainiens pour évaluer la précision de leurs artilleurs qui ne débordent pas les 100 mètres autour de leurs objectifs.
Il s'agit donc ici et sans conteste d'un de ces tirs erratiques sur les zones résidentielles civiles, comme il s'en produit quasiment chaque jour dans ce quartier martyr d'Oktyabrsky, et qui sont destinés à terrorisser la population du Donbass.
A ma connaissance, c'est la troisième fois cette année que la rue Makarenka d'Oktyabrsky (district de Kuybychevsky) est à nouveau frappée par des tirs de mortier ukrainien

Donc, au lendemain de l'annonce d'une prochaine nouvelle trêve, qui doit intervenir (sur le papier) le 27 juillet prochain, l'« Opération des Forces Combinées » ukrainienne a donc non seulement décidé de poursuivre ses bombardements mais même d'utiliser à nouveau des obusiers longues portée de 152mm de type 2S5 « Hyacinthe » (photo entête) en bombardant aujourd’hui la sous station électrique de la ville d'Irmino, sur le front de la République Populaire de Lugansk (au Nord de Stakhanov).
Cette violation caractérisée des accords de paix, en utilisant de l'artillerie lourde, autre violation des dits accords, commet également une violation des conventions de Genève qui interdisent aux belligérants de prendre intentionnellement pour cible des infrastructures vitales pour les populations civiles.
Parler dans ce contexte criminel vouloir ressusciter d'éventuels accords de Minsk, et pire évoquer leur projet du « statut spécial » intégré à l'Ukraine pour le Donbass devient non seulement incongru mais même obscène. 
Kiev est devenu un état psychiatriquement malade qui non seulement justifie chaque jour le séparatisme du Donbass, mais également réclame que la justice de ses armées lui soit rendue en retour de son idéologie criminelle incurable.

E.C.

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